Cérémonie d’Exaltation à l’Arc Royal (ou "Arche Royale", en maçonnerie traditionnelle) : l’Allocution de Zorobabel (15/02/2016)
Le "discours mystique", ou allocution du 1er Principal
Compagnons, les connaissances mystiques de ce grade suprême comprennent l'exécution et l'explication des signes, la nature et la signification des mots sacrés et le rite traditionnel que nous devons observer en partageant et en communiquant nos secrets.
Dans la Maçonnerie de l'Arc Royal, nous connaissons cinq signes dont le nombre correspond à ceux des points parfaits du compagnonnage (qui sont appelés en France les cinq points parfaits de la Maîtrise), enseignés aux Maîtres Maçons.
Et de même que ces derniers nous rappellent les devoirs qui nous lient les uns aux autres, de même les cinq signes de l'Arc Royal illustrent, chacun d'une façon particulière notre dépendance envers le Très Haut dont nous sommes les créatures rebelles à Sa volonté toute-puissante, mais qui demeurent cependant les enfants chéris de Sa miséricorde.
Je vais maintenant vous engeigner les signes (…)
Le signe Pénal rappelle le châtiment de notre Obligation et fait allusion à la chute d'Adam ainsi qu'à la terrible peine qui découla pour sa postérité pécheresse, rien de moins que la mortalité. Le geste lui-même signifie que les orgueilleux et les rebelles seront retranchés du séjour des vivants par le Jugement de Dieu, exactement comme la tête est séparée du corps par le glaive de la justice humaine. Pour écarter ce châtiment, le signe de Respect ou de Salut nous enseigne à nous incliner avec humilité et résignation sous les châtiments du Tout-Puissant et à graver en même temps Ses Lois dans nos coeurs. C'est dans cette attitude expressive que le père de l'espèce humaine se présenta devant le Très Haut pour entendre le jugement juste mais terrible prononcé contre lui. Par la suite, ce signe fut fait par notre Grand Maître Moïse lorsque le Seigneur lui apparut dans le buisson ardent, au pied du Mont Horeb, dans le désert du Sinaï, afin de se protéger les yeux de l'éclat de la divine Présence. Il plaça aussi la main sur le coeur en marque d'obéissance et ce signe lui fut ensuite compté comme témoignage de piété.
Le signe de Respect ou de Salut peut être considéré à juste titre comme l'origine du signe de Pénitence ou de Supplication car il indique, très exactement cette disposition du cœur et de l'esprit sans laquelle nos prières et nos louanges ne sauraient être agréées par le Trône de Grâce. Et comment pourrions-nous, faibles créatures de poussière et d'erreur, nous présenter devant ce Trône si ce n'est à genoux et les mains levées en signe fervent d'humilité et de Contrition. Ainsi Adam s'agenouilla devant Dieu et adora-t-il son Créateur ; ainsi s'inclina-t-il aussi avec crainte et repentir devant la face de son Juge courroucé pour écarter Sa colère et gagner Sa miséricorde. Et il a transmis pour toujours à sa postérité pécheresse cette manifestation extérieure d'humilité et de contrition.
Le signe Monitoire ou de Réminiscence nous rappelle la faiblesse de la nature humaine incapable de résister par elle-même aux puissances des ténèbres, à moins d'être aidée par cette lumière qui nous vient d'en haut. Par ce geste de s'offrir sans défense nous reconnaissons toute notre faiblesse et nous confessons que nous ne saurions rien faire de bon ni de valable si ce n'est par le secours de Celui de qui procèdent tout desseins louables et toutes oeuvres justes car sans Sa faveur divine et spéciale, nous serions toujours restés à Ses yeux des serviteurs inutiles. C'est pourquoi, suivant l'exemple de nos saints ancêtres, les prêtres intercesseurs, par le signe de Confiance, manifestation extérieure de foi et de dépendance nous montrons que nous voudrions nous prosterner face contre terre. Ainsi nous devons nous abandonner à la miséricorde de notre Divin Créateur et Juge, regardant vers l'avenir avec une humble mais sainte confiance en Ses divines promesses qui seules peuvent nous donner l'espoir que l'arche de notre rédemption nous porte jusqu'aux demeures du bonheur et de la gloire éternelle et a la contemplation de CELUI qui est le grand JE SUIS, l'Alpha et l'Oméga, le Commencement et la Fin, le Premier et le Dernier.
Lors de la construction du Temple du roi Salomon, un grand nombre de Maçons furent employés et leurs noms ou leurs marques furent retrouvés gravés à un endroit ou à un autre de l'édifice, mais les noms des trois Grands Maîtres qui dirigèrent les travaux échappèrent à toutes les recherches jusqu'à ce qu'ils fussent découverts sous l'Arc Royal par les Survenants envoyés préparer le terrain pour la fondation du second Temple.
Au centre de la voûte se dressait un bloc de marbre blanc, taillé comme l'Autel des Parfums en forme de double cube ; sur la face supérieure se trouvait une plaque l'or : le blanc est symbole d'innocence et l'or de pureté. Sur le devant étaient gravées les initiales des trois Grands Maîtres qui avaient présidé à l'édification du premier Temple, j'ai nommé Salomon, roi d'Israël, Hiram, roi de Tyr et Hiram Abif, afin d'immortaliser leur nom et de rappeler les circonstances de la construction de cet édifice. On voyait également le triple Tau, marque ou signe qui était apposé sur les convocations des Maçons de l'Arc Royal lorsqu'elles revêtaient une importance qui sortait de l'ordinaire.
Le Tau tire son origine de l'hébreu et c'est de ce signe que parlait l'ange, qu'Ezechiel vit en esprit lorsqu'il fut dit à 1 'homme à l'encrier de corne : "Va au milieu de la ville, va au milieu de Jérusalem, et marque d'un signe au front tous ceux qui soupirent et qui gémissent à cause de toutes les abominations qui s'y commettent" ( Ezéchiel 9,4).
Et les justes qui portaient: ce signe furent sauvés au milieu de ceux qui furent mis à mort pour leur idolâtrie par le terrible courroux du Très Haut.
Dans l'antiquité, étaient marqués de ce signe comme preuve de leur innocence ceux qui étaient acquittés par leurs juges et les chefs militaires le faisaient tracer sur le front de ceux qui revenaient sans aucune blessure du champ de bataille afin d'indiquer qu'ils étaient parfaitement indemnes.
Pour ces raisons, le Tau a toujours été considéré comme un emblème de vie.
L'union des Taus symbolise la Divinité qui changea le chaos ténébreux, horrible et informe en existence paisible et harmonieuse.
Sur cette plaque d'or se trouvent un cercle et un triangle.
Ces figures géométriques ont toujours été considérées comme symbolisant la Divinité ou un attribut divin.
Le Cercle est un emblème d'éternité ; n'ayant ni commencement ni fin, il peut justement représenter l'image de Dieu pour qui les jours n'ont pas eu de commencement et les années n'auront pas de fin ; il nous rappelle aussi continuellement ce grand au-delà où nous espérons jouir de la vie sans fin et du bonheur éternel.
Le Nom sur le cercle est Jéhovah, ce grand, redoutable, terrible et incompréhensible nom du Très Haut.
Il signifie JE SUIS CELUI QUI SUIS (Exode 111,13,14.), l'Alpha et l'Oméga, le Commencement et la Fin, le Premier et le Dernier, celui qui ETAIT et qui EST et qui SERA, le Tout-Puissant.
C'est le nom du Dieu présent, futur, éternel, immuable et parfait, qui seul existe en Lui-même et de Lui-même et donne l'être à toute chose.
En sorte qu'Il est ce qu'Il était, qu'Il était ce qu'Il est et restera à la fois ce qu'il était et ce qu'Il est d'éternité en éternité, toutes créatures étant soumises à Sa volonté et à Sa toute-puissance.
Dans l'antiquité, les noms de Dieu et les symboles de la Divinité étaient toujours inscrits dans des triangles.
Au temps de Pythagore, le triangle était considéré comme le plus sacré des emblèmes ; quand un serment d'une importance exceptionnelle devait être prêté, il l'était toujours sur le triangle et il n'y a pas d'exemple qu'un tel serment ait jamais été violé.
Les Egyptiens le nommaient le nombre sacré, ou nombre de perfection et les anciens lui accordaient une telle importance qu'ils en firent un objet d'adoration.
Ils lui donnèrent le non sacré de "Dieu" affirmant qu'il représentait les règnes animal, minéral et végétal. Ils l'appelèrent aussi ABOHUT, ce qui signifie "Ame de la Nature".
Ce delta sacré est habituellement inscrit dans un carré et un cercle pour exprimer son influence vivifiante et son rayonnement à travers toute la nature créée ; pour ces raisons, il a toujours été considéré comme le Grand Tout ou le Summum Bonum, ce qui signifie le Souverain Bien.
Le Nom sur le triangle est ce Nom Sacré et mystérieux que vous vous êtes solennellement engagé à ne jamais prononcer sauf en présence et avec l'aide de deux Compagnons ou plus de l'Arc Royal ou au sein d'un Chapitre de l'Arc Royal régulièrement constitué lorsque vous y remplirez la charge de Premier Principal.
C'est un mot composé et la réunion de ses éléments se lit JAH-BULON
Il tire successivement sa signification de quatre langues: du chaldéen, de l'hébreu, du syriaque et de l'égyptien.
JAH (Prononcer ia) est en chaldéen le nom de Dieu ; il signifie : "Son essence et Sa Majesté impénétrables".
C'est aussi un mot hébreu signifiant : Je suis et je serai", exprimant ainsi l'existence présente, future et éternelle du Très Haut.
BUL est un mot syriaque signifiant Seigneur ou puissant. C'est lui-même un mot composé de la préposition B' qui veut dire "dans ou sur" et de UL "Ciel ou Haut" ; aussi ce mot est-il traduit par "Seigneur dans le Ciel ou en Haut".
ON est un not égyptien signifiant "Père de tout", exprimant par là l'omnipotence Père de toutes choses comme dans la prière bien connue "Notre Père qui êtes aux cieux".
Les différentes significations de ces mots peuvent être ainsi assemblées :
"Je suis et je serai, Seigneur dans les Cieux ou en Haut" Père de tout et de tous, dans tous les temps "En tous lieux adoré par le saint, par le primitif et par le sage JeHoVah Jupiter ou Seigneur".
Les caractères aux angles du triangle sont d'une extrême importance. Ils peuvent être pris indifféremment dans n'importe quel ordre car chacun se rapporte à la Divinité ou un attribut de la Divinité. Ce sont l'aleph, le beth et "le lamed hébraïques correspondant aux A, B et L de l'alphabet latin.
Prenez l'aleph et le beth, ils forment le mot AB qui signifie Père ; prenez le beth, l'aleph et le lamed, ils forment le mot BAL qui signifie Seigneur ; prenez l'aleph et le lamed, ils forment le mot AL qui signifie parole ; prenez le lamed, l'aleph et le beth, ils forment le mot LAB qui signifie cœur ou esprit.
Prenons chacune des combinaisons avec le tout l'ensemble se lira ainsi : AB BAL Seigneur le Père - AL BAL Seigneur la Parole - LAB BAL Seigneur l'Esprit
Telle est, mon Compagnon nouvellement exalté, la meilleure explication que je puisse vous donner de ces mots et de ce caractères sacrés.
Elle prouve que l'Arc Royal est le couronnement de la Franc-Maçonnerie et qu'il est intimement nourri de tout ce qui nous sera le plus proche et le plus précieux dans l'existence future.
Les choses humbles et divines sont unies d'une façon étroite et redoutable dans tous ses enseignements.
L'Arc Royal a la vertu comme but, la gloire de Dieu comme objet et le souci du bonheur éternel de l'humanité est présent dans chaque partie, chaque symbole et chaque lettre de ses ineffables mystères.
Qu'il nous suffise de dire qu'il est fondé sur le Nom Sacré de JéHo VaH qui était de tout commencement, est maintenant et demeurera à jamais l'Unique et le Même, l'Etre qui existe nécessairement en lui-même et de lui-même, en toute véritable perfection, ne tirant son essence que de lui-même.
Compagnon, si jamais vous étiez sur le point de prononcer ce Nom Sacré et mystérieux à la légère ou avec irrévérence, je vous enjoins de vous arrêter, de placer vos doigts sur vos lèvres, et de vous souvenir du châtiment de votre Obligation.
Ce grade suprême inspire à ses membres les conceptions les plus élevées de Dieu et conduit à la pratique de la piété la plus pure et la plus sincère ; il enseigne la vénération pour l'inconnaissable JéHoVaH, le souverain éternel de l'univers, la vie première et la source primordiale de tous ses principes, la fontaine jaillissante de toutes ses vertus.
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